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Certains de ces textes comportent des
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lecteurs les plus jeunes ou les plus sensibles.


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dimanche 8 juin 2008

L'émotion musicale

Un  souffle…
Une larme coule le long de son fin visage. L’émotion l’emporte. Il pleurait.
Un son…
Il souriait. Il était heureux, malgré les larmes. Un rire de de perles salées inondait son visage illuminé par une gentillesse peu commune.
Une note…
Ses doigts dansent un pas virtuose. Son poignet souple laisse entrevoir une poésie en lui…
Une phrase…
Son visage se contracte au rythme entraînant d’une catabase musicale. Le public retient son souffle.
La cadence…
Ses muscles se relâchent. Son regard pétillant regarde le chef d’orchestre. Les musiciens ont du mal à suivre, c’est difficile.

Il est rare qu’un musicien connaisse la Musique conceptuelle. La transcendance elle-même par les notes. Certains virtuoses apportent ce bonheur. J’ai eu la chance de partager ce moment intense et unique. L’espace d’un week-end, je n’étais plus sur terre. J’ai du mal à y redescendre, je ne veux pas, je veux rester où je suis, sur ce nuage qu’a dessiné ce génie de l’interprétation.
Il aurait pu être porté au dessus de son art, se considérer comme supérieur à nous, amateurs passionnés. Mais il est resté tel qu’il est, au fond de lui-même. Toute sa musique, son concept, son art le faisaient sentir. L’humilité même. Un rayon de soleil parmi nous. Il brillait et s’imposait à moi comme une révélation rythmique. Je respire encore avec lui. Je ne peux faire autrement. Comment pourrais-je troubler de mon souffle son âme à découvert. Quelle fragilité ! Le château de cartes ne résiste pas au vent infernal.
J’ai joué avec lui. Je lui ai répondu, nous dialoguions et nos mots étaient des notes, notre langage était la musique, notre moyen était nos instruments, mon hautbois et son euphonium. Il parle si bien ! Qu’est-ce que je peux bafouiller et bégayer. Mes doigts ont obéi, mon hautbois ne faisait qu’un avec mon souffle, mais mon esprit était bloqué de fascination pour les notes qui résonnaient encore dans mon âme.
Il ne m’en a pas voulu, il a même reparlé avec moi. J’avais peur de lui répondre mais je l’ai fait, je ne pouvais pas rester silencieuse quand il me posait une question. Ma réponse était plus sûre, mais mal dite. Mais je n’ai pas failli à ma mission.
Il a terminé son discours, nous avons acclamé avec lui. Une croche piquée ! La véhémence ! Puis le tonnerre salua le virtuose et son orchestre… Le chef souriait, l’euphoniumiste était pétillant de bonheur, je respirais doucement. Je le regardai partir, soulagée et heureuse. J’avais réussi, nous avions tous réussi, grâce à lui. La veille, lors de la répétition, il avait été si joyeux, si ouvert. Je n’en pouvais plus tellement il dégageait d’énergie. Comment fait-il ? Est-ce qu’il respire grâce à sa musique ? Est-il nourri avec des notes ? A-t-il grandi avec des rythmes ? Est-il né, béni d’un don que je jalouse ?
Je ne peux dire qui de nous deux pétiller le plus… Lui, qui s’amusait comme un petit fou au rythme des imminences et transcendances musicales ou moi, émerveillée et chamboulée par sa virtuosité… Je peux affirmer que jamais je n’avais entendu cela, ni vu.



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samedi 7 juin 2008

A Eric

Quelques heures suffisent parfois pour aimer quelqu’un qui nous était inconnu. Et au bout de quelques heures, il est toujours inconnu, mais différement. On connaît déjà une partie de sa vie, peut-être même son projet. J’ai un ami. Cela fait 4 jours depuis que l’on s’est parlé la première fois. C’est pour cet ami que j’ai écris le texte ci-dessous.

A Eric,


Le cliquetis des armures retentissaient dans la cour d’entraînement. Deux hommes croisaient le fer, leur lourde épée s’abattant dans le but de désarmer l’adversaire. La sueur perlait sur le front du plus jeune, tandis que le plus âgé semblait en pleine forme. Et cela faisait déjà une demi heure que le combat durait. C’est le maître d’armes et son élève privilégié. Pourtant… le disciple peine et peine. Son front plissé laisse entrevoir le doute, la peur, un désir.

« Ca suffit ! » annonça Gus, le Maître.

Louis alla s’asseoir sur une souche. Il soupira d’un air résigné lorsque Gus s’approcha de lui, les sourcils froncés.

« Rien… Rien n’y fait ! Je ne comprends pas !

Je vous l’ai déjà dit ! Je ne veux pas me battre.

Il le faut ! Que veux-tu faire d’autre ?
- Je ne sais pas… »

Des larmes naquirent dans les yeux de l’adolescent. Il était certain qu’il ne voulait pas se battre et pourtant il ne voyait pas quoi faire d’autre. Gus soupira.

« Tu n’as pas le choix. C’est la seule chose…

- Je ne sais pas…

- Lorsque tu te battras réellement, tu pourras défendre tes valeurs !

-Se battre signifie tuer ! Vous tuez pour vos valeurs ? Si c’est ça votre valeur… tuer… »

Il grimaça de dégoût. La peur se lisait dans ses yeux. Non pas celle de mourir, mais celle de donner la mort. Louis se leva, les larmes coulaient le long de ses joues.

« Je ne devrais pas être obligé de tuer quelqu’un ! Je devrais avoir le choix ! Mes valeurs refusent le meurtre !

- En guerre, il n’y a pas de meurtre.

- Je refuse la guerre ! Je refuse tout signe de violence ! Je suis un Homme ! Pas un animal qui se bat pour son territoire ! La vie est plus subtile que cela !

- Que fais-tu des tyrans qui persécutent leur peuple ?

- Qui sont les plus touchés par une guerre ? Ne sont-ce pas les populations incapables de brandir une épée ? »

Gus sourit. Louis était plus intelligent que ses camarades mais c’était là qu’était le problème en réalité. Il réfléchissait trop. Soit il deviendra général, soit il deviendra érudit.

« Rentre te reposer. On en rediscute demain.

- Je ne viendrais pas demain. Je refuse.

- Tu viendras faire des exercices physiques. On laissera les armes de côté.

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L'hégémonie des sens

Lise sortit de chez elle. L’air frais envahit ses poumons de telles sortes qu’elle eut l’impression qu’un torrent de fraîcheur lui parcourait le corps. Un peu mieux réveillée à présent, elle entama son chemin quotidien vers l’arrêt de bus tout en rêvassant, tournant la tête de tout côté dans l’espoir d’apercevoir un oiseau voyageant d’un arbre à l’autre, arbres peuplant les bois installés depuis, pour l’un, plusieurs siècles, pour l’autre, peut-être plusieurs décennies.

Son petit plaisir, mis à part de rêvasser et de chasser du regard les oiseaux était de traverser ce plus jeune bois aménagé pour les passants. Elle y traquait de son regard amusé les poules d’eau qui pataugeaient dans le cours d’eau puant et dégorgeant de pollution qui traversait et coupait le parc boisé en deux. L’une de ces deux parties était réservée au bon plaisir des passants qui flânaient souvent, où l‘empruntaient simplement comme Lise le faisait car quoi que l’on dise, ce parcours boisé était aussi un raccourci menant à l’arrêt de bus.

Elle aimerait y rester et observer les poules d’eau gambader de ci de là, elle aimerait visiter l’autre partie, séparée de la première par le répugnant cours d’eau. Celle-ci n’était pas fort grande mais il semblait y régner un ordre parfaitement naturel, une harmonie simple. Le lierre semblait protéger le sol de ses feuilles immenses. Il semblait envahir le tronc de chaque arbre dans un désir de possession suprême et sain. Lise se sentait si vulnérable face à tant de beauté naturelle, elle pouvait contempler le spectacle qui semblait être à jamais figé alors qu’une vie grouillait sous la ramure du lierre qui nous rendait aveugle tandis que le ramage des oiseaux peuplant les hauteurs nous rendait sourd à tout autre chose. Le mystère de la partie inaccessible persistait et persisterait car le respect et la peur de détruire l’harmonie d’un environnement régnaient dans le cœur de Lise. Elle ne ferait que regarder et écouter ce bois à la vie florissante.

Avant de quitter le monde de l’harmonie, Lise accordait un temps à l’écoute des chants suprêmes des oiseaux que personne ne pourra surpasser en musique tant leur perception des sons était parfaite. Ils n’avaient rien à envier à Mozart ou à Bach. De simples humains, aux organes vocaux et auditifs aussi imparfaits ne pouvaient rivaliser avec l’enchanteresse mélodie qui régnait là où un oiseau passait. Seulement ici, ce n’était non pas un seul mais tout une centaine qui offrait un concert indescriptible ajoutant à l’harmonie du lieu, inaccessible aux personnes insensibles qui peuplaient l’autre monde.

Passée le pont qui ramenait à la vie civilisée, Lise se retrouvait de nouveau dans le monde du macadam et des gaz polluants et puants. Elle suffoquait sous l’odeur infecte qui s’imposait chaque fois à elle. Les relents du cours d’eau étaient à côté une odeur aux doux parfums envoûtants. Elle sortit enfin pleinement de l’enclos qui menait au parc pour se diriger sans attendre vers l’arrêt de bus. La route passait juste devant et, anxieuse, elle accélérait le pas de peur de rater le transport qu’il lui fallait prendre. Souvent elle avait perdu trop de temps à rêvasser, malgré un pas tout de même rapide, et le bus passait devant elle sans l’avoir attendue une simple minute de plus. Elle s’asseyait alors sur le banc de l’arrêt, de préférence au bord pour éviter une malheureuse rencontre avec toute saleté indésirable, et attendait le prochain bus patiemment, en retournant dans son monde de rêverie dont le registre avait changé.

Lise avait les yeux grands ouverts à regarder passer chaque voiture, cherchant à détailler la couleur de chacune, dévisageant les conducteurs, devinant parfois une marque avant qu’elle ne la voit. Chaque voiture passait sous le crible scrutateur du regard de la jeune fille qui semblait ne jamais se lasser de déshabiller ainsi l’armature de chaque véhicule qui circulait devant elle. Elle n’en tirait aucune jouissance, aucun plaisir mis à part de faire découvrir à ses yeux des nouveautés tandis que son nez semblait se fermer à l’intrusion des odeurs et que ses oreilles semblaient ne plus entendre le vrombissement désagréable des voitures qui dévalaient l’avenue sans même un regard pour la jeune fille.

Quand enfin le bus arrivait, Lise se fermait au monde extérieur pour s’ouvrir au monde des livres, des mots. Elle plongeait alors dans un état second, une transe de l’imaginaire. La Terre, le bus, le bruit, la chaleur, les autres personnes n’existaient plus, les personnages du roman qu’elle lisait prenaient la place de toutes choses, leur aventure devenait sienne, leur monde remplaçait le sien ; mais durant un bien trop court instant. Le bus arrivait toujours trop vite à destination. Parfois pour prolonger encore ce moment d’évasion suprême, Lise boudait le métro pour descendre quelques arrêts plus loin et faire un bout de chemin à pied. De tout manière, pensait-elle, bus ou métro la route à pied était la même.

Ainsi, décidant de garder encore une dizaine de minutes le monde imaginaire qu’elle chérissait tant, elle se replongeait assidûment dans sa lecture, en gardant toutefois un œil distrait sur la route afin de ne pas manquer l’arrêt fatidique qui arrivait bien trop vite lui aussi. Et pourtant raisonnant sa passion des mots, elle descendait du véhicule et se dirigeait alors vers son lycée. Dès lors, tout revenait à sa place, la vue était stimulée par de nouvelles voitures, des passants pressés et des bâtiments aux détails infinis ; l’ouïe se réveillait au bruit désagréable du centre ville ; l’odorat était agressé par le flot continu émis par les pots d’échappement. Lise marchait alors rapidement, sachant qu’un lieu paisible et aux douces senteurs l’attendait un peu plus loin, le paradis s’opposant à l’enfer du boulevard. Durant la traversée du monde infernal, Lise gardait les yeux rivés vers le ciel, les dérangeant dans leur contemplation des feuillages des arbres et des gouttières des bâtiments pour voir si elle ne marchait pas là où il ne fallait pas. Heureusement, le monde de l’horreur faisait rapidement place à une rue menant à la transcendance. Les rayons chaleureux du soleil y avaient une place que le boulevard leur refusait. Lise s’exposait volontairement au disque jaune afin de sentir la chaleur la prendre, son élément était le feu, elle n’était bien que dans la chaleur soit du soleil soit celle de ses proches, cherchant toujours à avoir un contact comme pour se rassurer que jamais le froid ne la prendrait, du moins qu’il ne la prendrait pas tout de suite.

La transition piétonne était passée, Lise arrivait au paradis. Elle s’y engagea ouvrant chacun de ses sens. Elle passa d’abord devant une façade où un nom italien annonçait un restaurant typique du pays de la beauté et de la chaleur. Lise savait exactement où inspirer profondément pour recevoir un témoignage du pays qui la faisait tant rêver. Sa vue, son ouïe étaient sublimés au profit du parfum enivrant d’une pizza qu’on sort du four, d’un plat de pâte qu’on s’apprête à engloutir voracement. L’instant ne durait même pas une seconde mais Lise put ainsi voir de nouveau Rome et ses innombrables merveilles. Elle n’en avait vu qu’une infime partie, elle s’était promis d’en voir le reste.

Elle continua ensuite son chemin vers le lycée, les yeux observant chaque détail des maisons datant d’une époque qu’elle ne saurait déterminer mais qui la faisait rêver simplement parce qu’elles véhiculaient des souvenirs dont seuls les murs ont le secret, à jamais perdu par les mémoires imparfaites des hommes.

Le lycée se faisait de plus en plus proche mais Lise savait qu’un dernier moment d’intense plaisir des sens allait arriver. Il lui faudrait passer devant la boulangerie, fantasme de tout gourmand et gourmet. Elle se dirigeait ainsi d’un bon pas vers le dernier lieu avant d’entrer dans un univers encore tout autre. La vitrine s’approchait cependant doucement tandis que la porte ouverte laissait échapper des effluves qui faisaient saliver d’envie la jeune fille pressée de découvrir quelle merveille se cachait derrière les vitrines. Invariablement, c’était toujours les mêmes pains et pâtisseries qui peuplaient le coin reclus de la boutique dans laquelle une dizaine de personnes se pressaient tandis que le retentissement d’une sirène, éveillant à nouveau l’ouïe, annonçait la fin d’une vie ou le début d’une autre.

Le périple était fini. Lise poussa la porte de son lycée et un autre monde tout aussi exaltant s’offrait à elle. Chaque chose serait passée en revue, chaque détail serait étudié. Ainsi étaient faits les mondes de Lise.

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vendredi 6 juin 2008

Au Hêtre de Ponthus

Au Hêtre de Ponthus,
Nous allâmes chercher
Le trésor, sous l’humus,
Perdu et enterré.


Trois jours nous rassemblèrent,
Des compagnons en joie.
Trois jours nous enlevèrent
Nos tristesses et voix.


Nous entreprîmes alors,
La deuxième journée,
La recherche de Trésor
Qu’il nous fallait trouver.


Merlin et son tombeau,
Nous trouvâmes dabord.
Ensuite un court ruisseau,
Que nous longeâmes alors.


La Fontain’ de Jouvence
Nous apparut soudain,
Et dans l’eau de l’enfance,
Nous devions prendre un bain.


Les néo-druides souvent,
Non loin se rassemblaient,
Où l'indice, patient,
Enterré, attendait.


A Trécesson ensuite,
Nous allâmes, enjoué,
De la tombe maudite
Nous entendîmes parler.


A la souche dépourvue,
L'indice nous trouvâmes
A l'endroit où mourut
La jeune blanche dame.

A l’Hotié de Viviane,
L'indice nous mena.
A l’Hotié de Viviane,
Le Korrigan dansa.

Il nous dit dans sa danse,
Les pas nous révélant,
Notre chemin de danse
Et l'indice attendant.

Et au Val Sans Retour,
Il nous fallut aller,
Un chemin au détour
Devait nous y mener.

Nous marchâmes ainsi,
Pendant une bonne heure,
Perdant quelques amis,
Arrivant par bonheur.

Non loin de l'Arbre d’Or,
Sous les feuilles tombées,
La carte du trésor
Se compléta, mouillée.

Nous recueillant auprès
De la Légende d’Or.
Le repas attendait,
Nous partîmes alors.

Sous un abri de bois,
Nous allâmes, debout,
Manger notre repas,
Que Dorn a fait pour nous

Une heure passa très vite,
Il nous fallait reprendre
Les routes et la suite
De la quête à défendre.

Mais pourtant nous traînâmes,
Dans un café grouillant,
Ensemble nous allâmes
Dans ce café bruyant.

Nous en sortîmes enfin,
Et près de la Fontaine,
Un indice soudain
Disait ces phrases certaines :

«Un totem vous devrez,
Ensemble le construire,
En l’honneur des sorciers,
Vous devrez le bâtir.»

Nous construisîmes ainsi
Le totem demandé,
Et soudain par magie,
La statue a bougé.

Un bâton nous montrait
Long, fin et lumineux
Le chemin qui devait
Toujours nous rendre heureux.

Nous suivîmes le chemin,
Qui menait au Trésor,
Et voici la bonne fin
De la quête de l’or :

Nous trouvâmes la sacoche.
A la main du chouchen,
Et de l’or plein les poches,
La quête ne fut pas vaine.


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Un délire

Sur une table, un lion à casquette noire
Trônait, une compote à la main.
Arriva un ours stylé, aux lunettes noires.
Les deux se connaissaient, l’un, patate, l’autre… j’en sais rien…
La patate ou le lion adore la tartiflette d’où son surnom que l’ours qui fume la moquette donna au fauve.
Ils voulaient tous les deux
Lancer une marque de vêtement mauve
Pour habiller ceux
Qu’étaient les ânes, les cigales, les fourmis…
Bref tous le répertoires de la fontaine.
Ils finirent finalement par mettre le fouillis
Dans les habitués de la laine…
Je vais m’arrêter là
Parce que ce bidule est nul mais c’est de moi…
Ah bah non j’oubliais la moral,
Qu’il faut pas jouer avec les marteaux de la copine de nicky larson sous peine d’avoir au crâne mal

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Une nouvelle inachevée?

Les deux gamins couraient, ils s'échappaient tous les deux. Il tenait sa main l'entraînant dans les profondeurs des bois, où l'eau coulait doucement dans un petit ruisseau d'eau limpide et pure. Elle courait derrière lui, le souffle court, haletant. Elle le suppliait d'arrêter sa course folle à travers les bois pour lui échapper à Elle. Elle n'entendait plus les affreux rires sortant de la gorge de leur bourreau.

« Arrête, je t'en prie, je ne peux plus... »

La course ralentit, ils étaient au petit ruisseau, tous les deux couverts de sueurs, leur tunique de tissu miteux leur collait à la peau, laissant profiler la féminité naissante de la jeune fille. Elle se mit à pleurer, cette course l'avait épuisée et affolée, leur bourreau la terrorisait et elle regrettait de s'être enfui avec lui, un peu plus âgé qu'elle, d'ailleurs on le voyait à la fine musculature qui se profilait à travers le tissu collé à la peau. Il se rapprocha d'elle, à peine essoufflé, plus habitué à la condition sportive que la jeune fille, et la serra contre lui, essayant de la réconforter avec de légères caresses dans le dos, et des mots timides, dans sa maladresse d'adolescent.

Plus loin, Elle sentait leur odeur à travers le vent et les feuillages, Elle les suivait à la trace, bien qu'ils couraient sur le sol, éclairés par la lueur des deux lunes pleines, et qu'Elle parcourait les bois de branches en branches, aussi lestement et rapidement qu'un écureuil. Au début Elle riait, pour effrayer les deux adolescents, mais Elle finit par arrêter son petit jeu pour les avoir enfin.

A présent, Elle les épiait du haut d'une branche, camouflée par les feuillages épais. La fillette était collée à l'adolescent. Leurs ombres se profilaient sur le sol, précises grâce à la lumière des lunes qui filtrait à travers les feuilles. Elle voyait deux mains caresser sur le dos de la jeune fille dont les épaules convulsaient au rythme des sanglots.

« Pars. Laisse-moi, enfuie-toi, je me débrouillerai le temps que tu reviennes, plus fort. »

Elle le regarda dans les yeux, devant pour cela lever la tête, plus petite.

« Non, je ne te laisserai pas, qui sait ce qu’Elle te fera quand elle te retrouvera. »

Des larmes coulaient le long des joues de l’adolescente. D’une main, il caressa sa joue droite. Elle regardait toujours de sa branche la scène entre les deux adolescents, ne sachant pas s’il fallait les effrayer à nouveau pour continuer son jeu ou les attraper tout de suite.

Elle se pencha légèrement en avant, dévoilant ainsi son visage à la clarté des lunes. Elle émit un petit rire et le jeune homme se fléchit comme pour bondir tel une gazelle tandis que la fille se raidissait de terreur. D’un bond, Elle descendit de sa branche, une lueur brillant dans sa main. Ses yeux flamboyaient comme le brasier naissant dans sa paume. Un sourire lui étira les lèvres. Voyant que c’était peine perdue, le jeune homme se raidit à son tour, protégeant de son corps la fillette dont les larmes recommençaient à inonder les joues.

« Bien. C’est mieux ainsi. »

Elle s’approcha lentement du couple de fuyards, les observant, toujours le brasier dans les mains et le sourire narquois aux lèvres.

« Mmm… Dois-je vous couper une jambe pour vous empêcher de fuir? »

La jeune fille eu un hoquet de terreur qui fit La rire. Elle s’approcha du visage de l’intéressée et de la main libre lui fit tourner la tête de manière à ce qu’elle puisse la regarder dans les yeux.

« Va t’asseoir, petit chien. »

Le jeune homme se retourna vers sa tortionnaire et la regarda d’un air pitoyable. Toujours baissée, Elle tourna la tête vers l’adolescent et de ses yeux noirs elle dit fermement :

« Assis ! »

Sa volonté de fuir disparut en voyant son amie entre Ses mains fermes. Il alla s’asseoir docilement, le dos contre un tronc, la tête baissée, les mains pendantes par-dessus ses genoux, soumis. La fillette tremblait, terrorisée. Elle tourna son regard dans celui de l’adolescente lorsque le jeune homme fut assis.

« Mignonne. »

Elle délivra le visage de la fillette, desserrant ainsi l’emprise de ses doigts sur sa mâchoire laissant des traces rouges à l’emplacement de ceux-ci.

« Tu pourras me servir de catin. »

A ce mot le jeune homme leva la tête, les dents serrés, le regard noir. Elle le regarda lui aussi, de loin.

« Du caractère et l’esprit dominant. »

La haine de son regard se changea en surprise, mais rapidement Elle reprit un ton ferme et une attitude menaçante. Attrapant d’un geste rapide et précis le bras de la fille, elle la fit se diriger vers le garçon.

« Assis-toi là. »

Serrant le poing, le brasier qui s’y était logé diminua et finit par mourir. Elle s’assit en tailleur à quelques mètres des deux jeunes gens et les regarda quelques minutes sans ne rien dire. Puis elle fera les yeux, mit ses deux index contre ses lèvres, ses coudes posés sur ses genoux, dans une position de réflexion. Lorsqu’elle rouvrit ses yeux, ils étaient totalement noirs. Le jeune homme le vit tout de suite, mais ne savait pas ce que cela pouvait annoncer.

« Qu’est-ce qui t’as pris de t’enfuir de la sorte et d’emmener ton amie avec toi ? Inconscience ? Es-tu dénué d’intelligence, petit imbécile ? Croyais-tu sérieusement pouvoir t’enfuir dans Ma forêt ? Celle que je foule depuis que j’ai appris à marcher ? Sais-tu combien de temps cela fait ? Je ne crois pas, pauvre idiot. »

Elle regarda de nouveau la fille et changea de position, se penchant légèrement en avant et posant ses deux mains au sol devant elle.

« Et toi, sombre idiote ? Peureuse comme tu es, pourquoi l’avoir suivi ? Sais-tu ce qu’il en coûte aux fillettes comme toi ? Je ne crois pas, sinon tu ne l’aurais pas fait. »

L’adolescente regarda la femme d’un air interrogateur, sa peur s’échappait un peu, voyant qu’Elle n’était pas en fureur noire, ce qui était étrange.

« Quel âge avez-vous ? »

Le jeune homme répondit pour les deux :

« J’ai quinze ans. Et Huora en a treize. »

Elle regarda le jeune homme, un sourire aux lèvres.

« Quinze années pour un humain, tu es bien jeune et sans expérience. Je ne me rappelle pas t’avoir déjà maltraité, ni ta petite amie. Pourquoi ? »

Il serra des dents, maintenant coléreux du calme de sa chasseresse.

Pourquoi toutes ces questions, je sais bien qu’elle nous punira de toute façon.

« Pauvre imbécile. Enfin je comprends ton silence. »

Elle se leva et se dirigea quelques mètres plus loin vers le ruisseau. Elle s’accroupit et se pencha au dessus. Le jeune homme en avait profité pour prendre un bâton et s’approcher sans bruit d’Elle.

« Lâche ça, si tu ne veux pas mourir. »

Décontenancé par ceci, il laissa tomber son arme improvisée et regarda la femme qui elle aussi le regardait à présent, s’étant relevée et retournée vers l’adolescent. Elle jeta un rapide coup d’œil vers l’arbre et vit que la jeune fille n’y était plus. Elle sourit et son image se brouilla pour disparaître sous les yeux étonnés du jeune homme. Cinq secondes plus tard, elle réapparut derrière le jeune homme, une dague menaçant sa gorge.

« Je ne joue pas. Tu n’es qu’un imbécile, un verre de terre pour moi, tu n’es rien. Te tuer ne me ferait que perdre de l’argent, mais que sont cent pièce d’or au vue de ma fortune. Ca ne me ferait que gagner du temps et de la tranquilité. Donne moi une raison de ne pas te trancher la gorge. »

Il se taisait, ne sachant quoi répondre. Il ne valait rien, ses parents l’avaient vendu encore bébé, il ne s’en souvenait pas, il le savait grâce à la cuisinière de la demeure qui rapportait ragots et vérités à toutes les oreilles qu’elle croisait. Il serrait les dents, de dépit, de fureur. Une larme coula le long de sa joue gauche tandis que lentement, très lentement la dague ouvrait une entaille dans la chair de son cou. Il adressa une prière à un dieu qui n’existait pas, le dieu de ceux qui servent. Un picotement se fit au niveau de son cou tandis qu’un léger filet de sang coulait sur sa peau pâle. Il pouvait entendre le rire de son assassin, alors qu’il sentait toujours la lame s’enfoncer toujours un peu plus vers sa jugulaire. A présent, ses joues étaient toutes deux le lit de deux fleuves de larmes abondantes. Il entendait toujours rire derrière lui. Au moment où il croyait être enfin emmené par la mort, la lame arrêta sa course et se détacha du cou, laissant une profonde entaille mais qui n’avait touché aucun point vital et qui ne saignait que peu. Doucement une main ferme lui fit faire un demi tour et il se retrouva face à Elle, qui souriait de plaisir. Il ne sentait pas la douleur mais le picotement du sang qui séchait déjà le démangeait. Il regarda la femme de ses yeux humides qui demandait pourquoi elle n’avait pas fini.

« Quel est ton nom ? »

- On me nomme Mignon car personne n’a jugé utile de me nommer et qu’on m’a toujours trouvé ainsi. »

Elle fronça les sourcils, mécontente d’apprendre cela. Sa main vint se poser contre le coup de Mignon qui fut entouré d’une aura blanche ainsi que la main et le bras de la femme. Quelques secondes après, la blessure cicatrisait ne laissant plus aucune trace sauf de sang.

« Va laver ça et rejoins-moi. »

Elle fut surpris du soin et de ses paroles, et comme envoûté par ce changement, il obéit. Quand il fut revenu auprès de la femme, elle était assise à côté d’un feu naissant qui commençait à crépiter. On entendait aussi de faibles sanglots un peu plus loin mais Elle ne fit aucun geste. Le jeune homme n’osant rien dire, s’assit face à elle, dans une position prostrée.

« Mignon, dit-elle pour elle-même. Quel grotesque nom. »

Elle observa le gamin qui fixait les flammes dansantes du feu.

« A partir de maintenant, tu t’appelles Dissan. »

Il la regarda, surpris de cette attention et surtout de la signification du nom en langue commune. Elle ne répondit pas au regard et tira de sa poche un bout de porc salé qu’elle mangea sans en donner à Dissan. Il ne dit rien lui non plus, sortant un bout de pain noir et le mangeant. Une heure passa sans que l’un ou l’autre ne dise quoi que ce soit ou ne bougea de sa position. Enfin l’adolescent regarda plus attentivement la femme et lui demanda :

« Et vous, votre nom ? Nous ne le connaissons pas dans la demeure. On vous nomme Œil Changeant là-bas…

- Car tel est mon nom.

- Ah… ils croient que vous le cachez.

- Mmm… »

Il retourna à ses pensées, ne sachant pas trop quoi dire. Il entendait toujours sangloter un peu plus loin ce qui agaçait Œil Changeant.

« Va chercher cette sotte. Elle m’agace. Fais la terre et donne lui de quoi manger. »

Il se leva et sans un mot se dirigea vers l’origine des pleurs. Huora s’était prostrée dans le trou d’un arbre et y était restée cachée. Quand elle vit arrivé Dissan, elle eu un cri de stupeur et sortit de sa cachette.

« Tu…

-Chut. Tais-toi et viens. »

Elle le suivit, surprise et ils arrivèrent jusqu’au feu. Quand elle vit Œil Changeant elle s’affola mais Dissan la fit taire en la rassurant. Elle se calma, bien obligée, car le regard de la femme n’était guère engageant à désobéir.

« Un mot de ta part… »

La fillette hocha la tête et se blottit sur elle-même, la tête baissée. Il s’assit à un mètre d’elle, pile en face de la femme.

« Pourquoi m’avoir épargné ?

-Pourquoi t’être échappé ? » demanda-t-elle, coupant sèchement la question de Dissan qui baissa la tête. Il ne répondit pas tout de suite. Il regarda Œil Changeant et observa ses yeux, ils avaient virés à un bleu foncé.

« Il le fallait. Je veux être libre. »

Elle regarda le feu, jouant avec une bûche. La jeune fille observait les deux interlocuteurs, surprise et effrayée. Œil Changeant tourna la tête vers elle.

« Dégage. Va où tu veux, je m’en fous, on n’a pas besoin de pleurnicharde comme toi. »

Voyant qu’elle ne bougeait pas, comme tétanisée, elle se leva et tira sa dague alors qu’impulsivement Dissan entama un mouvement de défense. Les yeux de la femme virèrent aux rouges.

« Tu bouges, je te tue vraiment. Et toi, idiote, dégage je te dis où tu meures. »

La fillette partit sans demander son reste vers une direction qu’Oeil Changeant ne prit pas la peine de repérer.

« Pourquoi l’avez-vous fait fuir ? demanda sans attendre Dissan.

-Parce qu’avec elle, tu seras plus esclave qu’avant, regarde la loque qu’elle est ! Elle va se diriger vers la demeure et redevenir ce qu’elle doit être : une souillon. Tu es destiné à autre chose. »

L’adolescent regardait haineusement la femme et respirait fortement, pour montrer son énervement, ce qui fit rire Œil Changeant. Elle se rassit face au jeune homme et le regarda s’énerver pour la gamine. Il finit par dire :

« Qu’attend-on ?

-Quelque chose.

-Peut-être plus de détail ?

-Non.

-Alors je n’ai rien à faire avec vous. »

Il se leva mais une dague atterrit à un centimètre de son pied.

« Assis. »

Il se rassit, n’ayant pas vraiment le choix.

« Tu m’appartiens. C’est moi qui t’ai payé, ce n’est pas pour te voir partir. J’avais mes raisons, sinon le maître s’en serait chargé et tu seras devenu nettoyeur de chiotte.

- Je suis pas grand-chose d’autre. Un larbin coincé dans une cours et qui fait des allers-retours pour vous servir et répondre à vos caprices les plus extravagants.

-Oui. Et…

-Et je n’ai pas envie de vivre ça…

-Et pourtant…

-Et pourtant rien ! Vous m’avez parlé d’une destiné.

-Oui. »

Il la regarda, fulminant de rage. Le tacite de la femme le mettait hors de lui mais il ne pouvait rien dire, ni l’offenser, elle était plus forte que lui et posséder les atouts. Lui non. Au bout d’une dizaine de minutes, elle lui dit :

« Tu es un piètre fuyard. D’une on ne s’enfuie jamais sans armes, il faut être fou pour s’aventurer dans le monde extérieur sans un glaive, un poignard ou une once de don magique dans le sang. »

Il fut à nouveau surpris par cette soudaine intervention.

« Et comment s’armer là-bas ? Je n’ai même pas accès à un couteau de cuisine.

-Héhé ! Evidemment, crois-tu que je ne savais pas que tu allais t’enfuir tôt ou tard. Toutes ces années je t’ai observé travailler pour moi, je voulais voir si tu étais bien celui que je cherchais.

-Arrêtez tous ces mystères ! Celui que vous cherchez, ma destiné. Dites ce que je suis et qui je suis bon sang de bonsoir !

-Reste poli ! dit-elle tout en se levant. Tu n’as pas l’esprit très vif. »

Elle dirigea vers le jeune homme et ramassa la dague qu’elle lui avait jetée aux pieds.

« Tu aurais pu ramasser cette dague, et la cacher. Ou bien me menacer avec…

-Et cela aurait servi à quoi, Œil Changeant ?

-A rien.

-Sauf à me faire encore menacer par vous.

-Exact.

-Pourquoi parlez-vous si peu ? »

Elle ne répondit pas ce qui provoqua le soupir du jeune homme.

« Cette situation est agaçante ! On attend ici, je ne sais quoi et ne pas savoir m’insupporte !

-Tu as bien appris tes leçons apparemment. C’est bien. Il te manque encore les réflexes aristocratiques mais tu parles bien.

-Les réflexes aristocratiques ? »

Une nouvelle fois il resta sans réponse à son interrogation. Il voulut se lever de sa place.

« Bouge pas ! Soit patient ! Encore quelques temps.

-Combien ?

-Tu poses trop de questions. »

Il se rassit et attendit sans plus rien dire.


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Exercice: sang, or, soie, septembre

Ce texte a été écrit dans le cadre d'un atelier écriture au lycée. Le but de l'exercice était d'inclure 4 mots dans un texte. Je l'ai réécrit avant de le poster, corrigeant certaines choses. Mais ce texte a été écrit originellement l'année dernière.


Il se nommait Minya, chinois habitant un petit village pauvre dans la campagne éloignée du littoral, en plein centre du pays, un coin perdu et oublié, une petite route menait à ce hameau mais seul le ravitailleur l’empruntait une fois par mois. Le reste du temps le village était coupé du reste de la Chine. Les enfants n’allaient pas à l’école et ils passaient leur temps à jouer, se roulant dans la boue avec les chiens mi-sauvage, mi-apprivoisé. Les journées étaient monotones pour les villageois. Les adultes travaillaient à leur tâche quotidienne, ceux-ci dans un champ, ceux-là dans la forêt, ce groupe-ci nourrissait les bestiaux, ce groupe-là pêchait à la rivière. Personne ne s’ennuyait mais tout le monde avait la même tâche quotidienne.

Un petit groupe privilégié s’occupait d’une petite industrie spécifique à certaines régions de la Chine, c’était une industrie et un savoir qui remontait à des siècles, même des millénaires. Cette industrie produisait la soie de la plus fine qualité qui existe. C’est la seule richesse que ce village possédait et Minya était l’un des privilégiés qui s’occupait de la production. Sa tâche était de s’occuper de la reproduction des vers qui produisaient la soie.

Elle s’échangeait contre de l’or pur, et le village, malgré sa pauvreté apparente, en avait de grande quantité pour un hameau perdu. Seul le ravitailleur y avait accès et seul lui échangeait les ressources contre de l’or ou autre. Ainsi, lui seul encore pouvait dire à qui voudrait l’entendre que ce village était une mine d’or sans qu’on ait besoin d’y creuser. Il vendit cette information cinq pour cent du butin final.

Le mois qui suivit celui de septembre chez nous, le marchant suivi d’un groupe monté sur des chevaux arriva au village la nuit tombée. Les habitants étaient pour la plupart endormi mais il restait toujours un guetteur dont la tâche était de prévenir le village grâce au tocsin lorsqu’un visiteur arrivait à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Ainsi, lorsqu’il entendit les bruits du galop des montures, il sonna et bientôt les hommes du village se rassemblèrent sur la place. Minya était parmi eux.

Quelques instants après, le groupe monté arrivait au grand galop sans faire mine de freiner ce qui affola les hommes qui s’éparpillèrent. Les cavaliers, armés de piques, javelots et arcs ainsi que d’épées pénétrèrent dans la foule sans mal et le sang commença à gicler de toute part, les corps de femmes, enfants et hommes s’effondraient autour de Minya qui s’était caché sous une charrette. Les maisons brûlaient, ainsi que le bâtiment dans lequel les vers étaient gardés avec la soie qu’ils produisaient.

Le chinois n’était guère courageux, tremblant comme une feuille morte. Il ne bougea pas de sa cachette alors que tout le village se faisait massacrer, sa famille, ses amis, tous. Mais qu’aurait-il fait, lui, éleveur de vers à soie ? Ainsi le matin venu, lorsque les bandits furent partis avec l’or du village, les maisons n’étaient que cendre et les hommes, cadavres. Il se releva et contempla ce spectacle avec les yeux d’un coupable de lâcheté, il savait qu’il en était un. Des larmes coulaient le long de ses joues. Il ne savait plus que faire, partir ou rester, mais dans l’un ou l’autre cas, il se serait perdu dans une vie solitaire et coupable. Ils tremblaient tant sa douleur était insupportable. Ses genoux ne purent le soutenir, il se retrouva à terre, toujours pleurant sur son village et ses habitants morts, sur sa vie injuste. Jamais il n’avait été seul, jamais il n’aurait pu imaginer avant tout ceci qu’il serait autant en détresse. Son dos se convulsait sous l’effet des hoquets de sanglots qui le prenaient.

Il était resté quelques heures dans cette position sans pouvoir faire un geste, simplement à pleurer sur son sort et celui de son village. La pluie avait pendant ce temps-là commencé à tomber et le sol s’était fait boueux, lavant la terre des souillures du massacre. Il se releva et commença à marcher sans avoir où il allait.



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