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dimanche 8 juin 2008

L'émotion musicale

Un  souffle…
Une larme coule le long de son fin visage. L’émotion l’emporte. Il pleurait.
Un son…
Il souriait. Il était heureux, malgré les larmes. Un rire de de perles salées inondait son visage illuminé par une gentillesse peu commune.
Une note…
Ses doigts dansent un pas virtuose. Son poignet souple laisse entrevoir une poésie en lui…
Une phrase…
Son visage se contracte au rythme entraînant d’une catabase musicale. Le public retient son souffle.
La cadence…
Ses muscles se relâchent. Son regard pétillant regarde le chef d’orchestre. Les musiciens ont du mal à suivre, c’est difficile.

Il est rare qu’un musicien connaisse la Musique conceptuelle. La transcendance elle-même par les notes. Certains virtuoses apportent ce bonheur. J’ai eu la chance de partager ce moment intense et unique. L’espace d’un week-end, je n’étais plus sur terre. J’ai du mal à y redescendre, je ne veux pas, je veux rester où je suis, sur ce nuage qu’a dessiné ce génie de l’interprétation.
Il aurait pu être porté au dessus de son art, se considérer comme supérieur à nous, amateurs passionnés. Mais il est resté tel qu’il est, au fond de lui-même. Toute sa musique, son concept, son art le faisaient sentir. L’humilité même. Un rayon de soleil parmi nous. Il brillait et s’imposait à moi comme une révélation rythmique. Je respire encore avec lui. Je ne peux faire autrement. Comment pourrais-je troubler de mon souffle son âme à découvert. Quelle fragilité ! Le château de cartes ne résiste pas au vent infernal.
J’ai joué avec lui. Je lui ai répondu, nous dialoguions et nos mots étaient des notes, notre langage était la musique, notre moyen était nos instruments, mon hautbois et son euphonium. Il parle si bien ! Qu’est-ce que je peux bafouiller et bégayer. Mes doigts ont obéi, mon hautbois ne faisait qu’un avec mon souffle, mais mon esprit était bloqué de fascination pour les notes qui résonnaient encore dans mon âme.
Il ne m’en a pas voulu, il a même reparlé avec moi. J’avais peur de lui répondre mais je l’ai fait, je ne pouvais pas rester silencieuse quand il me posait une question. Ma réponse était plus sûre, mais mal dite. Mais je n’ai pas failli à ma mission.
Il a terminé son discours, nous avons acclamé avec lui. Une croche piquée ! La véhémence ! Puis le tonnerre salua le virtuose et son orchestre… Le chef souriait, l’euphoniumiste était pétillant de bonheur, je respirais doucement. Je le regardai partir, soulagée et heureuse. J’avais réussi, nous avions tous réussi, grâce à lui. La veille, lors de la répétition, il avait été si joyeux, si ouvert. Je n’en pouvais plus tellement il dégageait d’énergie. Comment fait-il ? Est-ce qu’il respire grâce à sa musique ? Est-il nourri avec des notes ? A-t-il grandi avec des rythmes ? Est-il né, béni d’un don que je jalouse ?
Je ne peux dire qui de nous deux pétiller le plus… Lui, qui s’amusait comme un petit fou au rythme des imminences et transcendances musicales ou moi, émerveillée et chamboulée par sa virtuosité… Je peux affirmer que jamais je n’avais entendu cela, ni vu.



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